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le papier et sur le tabac et sur toutes sortes de denrées ; ils se font païer des droits d’entrée et de sortie, des droits de contrôle et des droits d’insinuation, ils s’en font païer pour les mariages, pour les baptêmes et pour les sépultures ; ils s’en font païer pour les amortissemens, pour les aisances, pour les bois et forêts ; et pour le cours des eaux, peu s’en faut qu’ils n’en fassent encore païer pour le cours des vents et des nuées. Laissez faire Ergaste, dit assez plaisamment Mr. de la Bruïère[1], dans ses caractères, laissez faire Ergaste, il exigera un droit de tous ceux qui boivent de l’eau de la rivière ou qui marchent sur la terre ferme, il sait convertir en or jusqu’aux roseaux, aux joncs, à l’ortie. Si on veut trafiquer sur les terres de leur domination et aller et venir librement pour vendre et acheter, ou pour transporter des marchandises, il faut avoir, comme il est dit dans l’Apocalypse, le caractère de la bête, c’est-à-dire la marque de la maltôte et de la permission du Roi ; il faut avoir des certificats de ses gens, des acquits, des passeavants, des lettres à caution, des congés, des passeports et autres semblables lettres de permission, qui sont véritablement ce que l’on peut apeller la marque de la bête, c’est-à-dire la marque de la permission du Tiran, sans quoi, si on vient malheureusement à être rencontré, ou pris des Gardes ou Officiers de la susdite Bête Royale, on court risque d’être ruiné et perdu, car on met aussitôt en arrêt, on saisit, on confisque les marchandises,

  1. Pag. 2005.