Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/267

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tous vivans ; car il n’y a point d’homme dans leurs États, qu’il ne soit obligé d’en prendre la quantité que les officiers du Roi lui imposent, il faut en excepter quelques Provinces particulières, qui en sont exemtes pour des raisons d’état, ou parce qu’elles ont traité. Le revenu que le Roi tire de cette Gabelle, monte annuellement à près de 3 millions d’Écus ; il tire 8 millions d’un autre côté, de l’impôt qu’il a mis sur les denrées des païsans, outre les impôts particuliers sur la viande, sur le vin et autres marchandises. Cependant, dit cet Auteur, il perd une grande partie de ses revenus, en les affermant à ses sujèts, ou en les engageant en tems de guerre, pour avoir de l’argent comptant. Il n’y a guères moins, dit-il, de 50 mille officiers, il y en a peut-être maintenant plus de 40 mille, tous emploïés à la collecte de ces impôts. Les gages de tant de gens diminuent les revenus de la couronne de plus de la moitié ; de sorte, dit-il, que de 80 millions d’Écus, que l’on arrache tous les ans des peuples, à peine en entre-t’-il 30 millions dans les coffres du Roi. Tu seras surpris, dit-il, écrivant ceci à son grand Mufti[1], tu seras surpris de l’impudence de ces infidéles et tu condamneras en même tems la tirannie et l’injustice qui oprime, qui pille et ruine ceux qui leur fournissent tout ce qui est nécessaire à la substance humaine, non pour s’enrichir, mais pour enrichir aussi une troupe de chenilles avides, car on ne sauroit, dit-il, donner d’autre nom à ceux qui font la collecte des

  1. Espion Ture. Tom, 2. Lettre 34.