Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/319

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comme nos Christicoles le prétendent : et cela étant, voilà déjà tout d’un coup bien des Dieux anéantis ; puisque d’un si grand nombre de Divinités, que les superstitieux Deicoles reconnoissoient et adoroient dans les siècles passés, il a fallu que leurs descendans se soient réduits et restraints à la croïance et à l’adoration d’un seul Dieu et même d’un Dieu invisible, et d’un Dieu incorporel et immatériel et par conséquent d’un Dieu qui n’a ni chair, ni os, ni corps, ni membres, qui n’a ni dos, ni ventre, ni bras, ni jambes, ni piés, ni mains, ni yeux, ni tète, ni bouche, ni langue, ni oreilles, ni dents, ni ongles, ni griffes, ni aucune autre partie, et qui par conséquent encore n’a ni forme, ni figure, ni couleur au dehors, ni aucun côté, ni aucune configuration au dedans, ou plutôt qui n’a aucun dedans, ni aucun dehors, ni aucun dessous, ni aucun dessus ; d’un Dieu néanmoins qui, selon eux, est partout, qui voit tout, qui fait tout, qui sait tout, qui conduit tout, qui gouverne tout, qui soutient tout, qui est tout entier en tous lieux, et tout entier .en chaque partie de lieux, qui est tout-puissant, infiniment bon, infiniment sage, infiniment juste, infiniment aimable et enfin qui est infiniment parfait en toutes sortes de perfections, dont la nature est immuable, immobile et éternelle, dont la nature est sa puissance, sa sagesse, sa bonté et sa volonté même ; et dont réciproquement la puissance, la sagesse, la bonté et la volonté sont sa nature et son essence-même. Voilà certainement une bien surprenante idée d’Etre ; mais on peut bien certainement dire aussi, que c’est l’idée d’un Etre entièrement imaginaire et