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sauroit repondre ? Il n’y a rien de plus trompeur que cette aparence de sainteté. Les loups, comme dit le Christ, se couvrent souvent de la peau de brebis, et les vices se couvrent souvent des aparences de la vertu. C’est pourquoi les hommes se déguisent très-souvent, afin de mieux tromper les autres. Ainsi cette aparence de vertu, que l’on pouroit quelquefois voir dans quelques-uns de ces prétendus prophètes, plus que dans aucun autre, n'est pas pour cela une preuve, qu’ils soient plus véritablement envoïés de Dieu, ni plus véritablement inspirés de Dieu que les autres. 2°. A l’égard des miracles qui seroient plus grands, plus fréquens ou plus admirables et plus surprenans d’un côté que de l’autre ; ce n’est certainement pas encore par-là que l’on connoîtra s’ils sont plus vrais miracles que les autres : car de même que dans toutes sortes d’arts et de sciences, il y a des ouvriers et des docteurs plus savans, plus habiles, plus adroits et plus subtils les uns que les autres, de même aussi parmi ces prétendus faiseurs de miracles et de prodiges, qui ne sont dans le fond que des effèts naturels produits par des causes naturelles, il peut y en avoir de plus habiles, de plus adroits et de plus subtils, les uns que les autres. De même aussi parmi ces prétendus prophètes, qui ne sont tous que des imposteurs, il peut y en avoir de plus fins et de plus rusés, les uns que les autres ; et cela étant, comme on n’en peut douter, il ne faut pas s’étonner s’il y en a qui paroissent faire de plus grands miracles, les uns que les autres.

D’ailleurs les seules circonstances naturelles des