Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 3, 1864.pdf/131

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C’est ce que je pourois confirmer par cette maxime du grand Mirmadolin S.Augustin, qui dit expressément, que sous un Dieu juste et tout-puissant nulle créature ne peut être misérable, si elle ne l’a mérité ; c’est même aussi le soutien de toute l’Eglise Romaine, qui dit, dans une de ses oraisons publiques pour le peuple, que --nulla ei nocebit adversitas, si nulla ei dominetur iniquitas--, à la Messe du prémier vendredi de Carême. J’ajouterai à cela que, sous un Dieu juste et tout-puissant, aucune créature ne mériteroit jamais d’être malheureuse, parce que la même bonté, la même sagesse et la même toute-puissance d’un Dieu, qui les auroit formées et entières et parfaites, chacune suivant leur espèce, auroit pourvû aussi à les conserver toujours dans le même état de perfection, et à empêcher qu’elles ne méritassent jamais d’être malheureuses ; et si, dans la suposition d’un Dieu infiniment bon et infiniment sage, nulle créature ne seroit malheureuse si elle ne l’avoit mérité, on peut certainement et absolument dire, que, sous un Dieu juste et tout-puissant, nulle créature ne seroit malheureuse, parce que nulle créature, dans cette suposition, ne feroit jamais rien qui la fit mériter d’être malheureuse, d’autant que le même Dieu qui auroit pourvû à l’entière et parfaite formation de toutes créatures, pourvoiroit aussi et auroit pourvû à leur entière et parfaite conservation. De sorte que si un Dieu tout-puissant, infiniment bon et infiniment parfait, avoit jamais créé les hommes, comme disent nos Christicoles, dans un état de perfection quant-au corps et quant-à l’ame, et s’il les avoit créé, comme ils disent, dans un état d’in-