Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 3, 1864.pdf/130

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ment à leur conservation et les préserveroit indubitablement de tout mal. Penseroit-on qu’il voudroit prendre plaisir à former ces viles petites bêtes, pour les voir souffrir et pour les faire écraser sous les piés ? Cela seroit indigne de la toute-puissance et de la bonté infinie d’un Dieu, qui pouroit les préserver de tout mal, et qui pouroit leur procurer tous les biens convenables à leur nature. On a vu autrefois un Empereur Romain, c’est Domitien, qui, entr’autres vices qu’il avoit, faisoit gloire de celui-ci, qui étoit de se divertir à exercer, et à montrer son adresse à percer des mouches avec un poinçon. On a eu bien raison de blâmer cet empereur de s’occuper à un si vain et si ridicule plaisir que ceux-là, et on auroit raison de regarder cela comme un signe de la méchanceté -et de la cruauté de son âme. Oseroit-on dire ou penser seulement, qu’un semblable plaisir seroit convenable. à la souveraine Majesté, à la souveraine Toute-Puissance et à la souveraine Bonté d’un Dieu, et qu’il auroit voulu faire et former des mouches, des araignées et des vers de terre, pour les voir souffrir. et pour les faire écraser aux piés ? Point du tout, cela répugneroit entièrement à la souveraine perfection d’un Dieu, qui pouroit facilement rendre toutes ses créatures heureuses et parfaites, chacune selon leur nature et leur espèce. Il ne faut pas croire, qu’il en auroit voulu faire aucune pour les rendre malheureuses, et il n’yen auroit effectivement aucune, qui seroit malfaite ou malheureuse dans son espèce, si un Dieu tout-puissant, infiniment bon et infiniment sage, s’étoit voulu mêler de les faire.