Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 3, 1864.pdf/18

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aucune véritable idée de leur être, ni de leur manière d’être.

De plus je demanderois volontiers, si tous ces prétendus prémiers moteurs sont dissemblables ou de différente nature, s’ils sont de force ou de puissance égale ou s’ils sont plus forts ou plus puissans les uns que les autres, s’ils se connoissent les uns les autres ou s’ils ne se connoissent pas, s’ils ont du plaisir et du contentement à remuer ainsi de côté et d’autre chacun leur portion de matière, s’ils sont amis ou s’ils sont ennemis les uns des autres et plusieurs autres questions que l’on pouroit légitimement faire sur leur sujet ; auxquelles questions il seroit ridicule de vouloir seulement entreprendre de répondre quelque chose de positif, parceque ce seroit s’engager manifestement à dire sans fondement mille choses, dont on n’auroit nulle connoissance et qui, pour cette raison, quand il n’yen auroit point d’autres, mériteroient d’être rejettées et ne seroient nullement croïables.

Il est donc bien plus convenable et plus sûr d’attribuer à la matière même la force qu’elle a de chermouvoir, que de s’embarasser vainement et sans nécessité dans tant de difficultés insurmontables, pour cher hors d’elle-même un principe faux de son mou-J vement. Ainsi je ne m’amuserai pas davantage à reluter cette opinion de la pluralité de ces prétendus premiers moteurs, qui se détruit assez d’elle-même : c’est pourquoi, comme nos Déicoles ne s’arrêtent plus maintenant à cette opinion de la pluralité des Dieux et qu’ils ne reconnoissent ordinairement tous qu’un seul premier moteur, auquel ils attribuent une très-