Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 3, 1864.pdf/19

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parfaite connoissance de toutes choses, avec une souveraine toute-puissance, pour faire tout ce qu’il lui plaît et par conséquent pour mouvoir la matière et pour faire d’elle tout ce qu’il veut, il faut, quoique l’opinion et la suposition de cette prétendue puissance et connoissance infinie ait déjà été suffisamment réfutée et démontrée fausse, il faut ajouter encore ici une autre raison qui en fera d’autant plus voir la fausseté !

C’est que de l’aveu même de nos Déicoles ce seul prétendu premier moteur, qu’ils apellent Dieu, et auquel ils attribuent une puissance et une connoissance infinie, est un être qui, suivant leur Doctrine, est non seulement sans corps et sans forme et sans étendue aucune, mais est encore entièrement immobile, immuable dans sa nature, immuable en lui-même, immuable en ses pensées, immuable dans sa connoissance, immuable dans ses desseins et immuable dans ses volontés ; en sorte qu’il ne peut nullement être sujet à aucun changement et à aucune vicissitude de tems. Cela suposé, il est clair et évident qu’un tel être, quand il seroit, véritablement, ne pouroit nullement remuer la matière. Je le prouve ainsi : Un être, qui est entièrement immuable en lui-même, qui est même de sa nature tout-à-fait immuable, ne peut rien mouvoir hors de soi ; car comment pouroit-il remuer quelque chose, lorsqu’il ne pouroit se remuer lui-même, il n’est nullement possible de concevoir, qu’un être qui demeure immuable et qui est même de sa nature immuable, puisse jamais mouvoir aucune chose : il n’y a point de liaison entre l’idée d’un être