Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 3, 1864.pdf/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Si un seigneur, par exemple, ou un Roi semettoit en fantaisie, par quelqu’esprit bizare, de commander à ses serviteurs ou à ses sujèts, de lui venir faire tous les jours des humbles prières, pour lui demander quelques certaines grâces et faveurs particulières, qu’il auroit résolu de ne jamais leur accorder, ne diroit-on pas que ce seroit une folie dans un seigneur ou un Roi de faire un tel commandement ? Oui certainement, on le diroit et on auroit raison de le dire ; il en seroit de même de Dieu, si, comme disent nos Déicoles, il commandoit aux hommes de l’adorer, de le servir et de lui demander par des humbles prières et par des sacrifices, des grâces qu’il ne voudroit pas leur accorder, et qu’il auroit même résolu de ne jamais leur accorder ; et on peut dire même que c’est une folie à nos Déicoles d’attribuer une telle folie à un Dieu, c’est-à-dire à un être qui seroit infiniment parfait, infiniment bon et infiniment sage. Ainsi de quelque manière qu’ils s’y prennent, ils se confondent eux-mêmes dans leurs erreurs et dans la vanité de leurs pensées.

Mais revenons à cette prétendue immutabilité qu’ils attribuent à leur Dieu. Il est, suivant leur dire, tellement immuable en sa nature et en ses opérations que, quoiqu’ils lui attribuent toutes les différentes affections et passions qui se trouvent dans les hommes, qu’ils lui attribuent par exemple l’amour et la haine, la douceur et la colère, la fureur et la vengeance, la tristesse et la joïe, le plaisir et la douleur, le désir et le contentement, la jalousie et le déplaisir, le regrèt et la repentance et telles autres semblables