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affections, n’est-ce néanmoins qu’ils veulent que toutes ces affections-là soient dans leur Dieu sans aucune passion, sans aucune altération et sans aucun changement en lui. Voici comme leur grand Mirmadolin S. Augustin parle sur ce sujet, en s’adressant lui-même à son Dieu : » Mon Seigneur, lui dit-il, vous m’avez déjà, dit d’une voix forte à l’oreille misterieuse de mon coeur, que vous êtes éternel, parce que jamais vous ne changez, ni par l’impression d’une nouvelle forme, ni par la vicissitude d’aucun mouvement ; votre volonté pareillement n’est pas sujète à l’inconstance du tems, d’autant qu’une volonté qui varie dans ses résolutions, de quelque façon que ce soit, ne peut être immortelle dans sa durée. Je vois, dit-il[1], clairement cette vérité en votre présence ; les mêmes lumières, que vous m’avez communiqué, continue-t’-il, me montrent que la désobéissance d’aucune de vos créatures ne nuit à votre personne, ni ne trouble l’ordre de votre empire, soit dans le ciel, soit sur la terre.” Voici encore ce qu’il dit dans un autre endroit, comme en parlant encore à son Dieu : Vous êtes jaloux, lui dit-il, quoique vous soïez toujours en sûreté ; vous vous repentez, mais sans aucun sentiment de douleur, vous vous mettez en colère, mais vous êtes toujours tranquille. Zelas et securus es, poenitet te sed non doles, irasceris et tranquillus es. Il faut en effet qu’il soit bien tranquille et bien paisible, puisque parmi tant de disputes et de débats, qu’il y a parmi les hommes à son sujet, et qu’il y en a tant qui le

  1. August. Confess. 12. Chap. 11.