Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 3, 1864.pdf/27

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devoir provoquer Dieu à la colère, quoiqu’il ne puisse, de sa nature, être sujet à aucun mouvement de colère, ni de passion : Neque enim, dit-il, nihil cogitat sicut homines ut aliqua ei nova succedat sententia, neque irascitur quasi mutabilis, sed ideo hœc leguntur ut exprimatur peccatorum nostrorum acerbitas quoe divinam meruerit offensam tanquam ejusque pervenerit culpa, ut etiam Deus qui naturaliter non movetur et iracundia aut passione ulla provocatus videatur ad iracundiam.

Encore que Dieu, dit un autre Auteur, ne puisse se couroucer, ni se réjouir, ni désirer, ni compâtir, ni se repentir, si est-ce, dit-il, qu’il fait tout ce que font tous ceux qui se couroucent, qui s’atristent, qui se répentent ou qui se réjouissent etc., car il châtie, dit-il, quoique sans colère, il se complaît en quelque chose, quoique sans aucun mouvement de joïe, il abhorre le mal, quoique sans chagrin sans tristesse ; il veut le bien, quoique sans désir, il donne recours aux affligés, quoique sans compassion. Brèf, dit-il, tout ce que nous faisons par tous ces divers mouvemens de nos apetits et de nos passions, Dieu et les Anges, dit-il, le font par un acte simple de leur volonté, parcequ’ils sont des esprits purs. Voilà comme nos Déicoles et nos Christicoles parlent de l’immutabilité de leur Dieu, ainsi, quoiqu’ils lui attribuent, comme je viens de dire, l’amour et la haine, la douceur et la colère et même la fureur et l’indignation, la tristesse et la joie, le plaisir et la douleur, le désir et la compassion, le regret et la répentance etc., ils ne prétendent cependant pas prendre ces termes-là au