Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 3, 1864.pdf/26

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nient, qui le blasphément et qui l’outragent, pour ainsi dire, par leurs crimes et par leurs méchancetés, et tant d’autres qui l’offensent tous les jours par leur désobéissance, il ne s’intéresse seulement pas le moins du monde à la défense de sa propre cause. Ce ne sont que les hommes qui parlent pour lui, encore ne parlent-ils que suivant leur imagination. Car ce n’est que de leur imagination qu’ils tirent tout ce qu’ils disent de lui et pour lui : et ils ne s’intéresseroient même guères de nous dire tout ce qu’ils nous en disent, s’ils n’avoient en vûe d’y trouver leur profit. Nos Déicoles voudroient nous persuader que c’est leur Dieu qui pourvoit par sa divine Providence à tout ce qui regarde les créatures. Mais comment pourvoiroit-il a ce qui regarde les créatures, puisqu’il ne pourvoit pas lui-même à ce qui le regarde et à ce qui le touche de plus près, qui est la manifestation de sa gloire et l’adoration du coeur, qui lui seroit dûe avec une entière obéissance à ses commandemens ?

Voici aussi ce que dit S. Ambroise touchant cette prétendue immutabilité de Dieu : » Dieu, dit-il, ne pense pas de la même manière que les hommes pensent, comme s’il lui venoit quelque nouvelle pensée dans l’Esprit, qu’il n’avoit pas auparavant ; il ne se fâche pas non plus de la même manière que les hommes se fâchent, comme s’il étoit sujet à quelque changement ; mais on ne laisse pas, dit-il, que de se servir de cette manière de parler, et de dire que Dieu pense, qu’il se fâche et qu’il se repent, pour exprimer, dit-il, la grièveté de l’offense que le péché fait à Dieu, et qui est telle, dit-il, qu’elle sembleroit