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parties ; donc toutes les modifications de la matière ne sont pas nécessairement des choses rondes ou quarrées, ni des choses que l’on puisse toujours diviser, fendre ou couper par parties.

Pareillement la vie et la mort, la beauté et la laideur, la santé et la maladie, la force et la foiblesse des corps vivans ne sont que des modes ou des modifications de la matière, aussi bien que de l’étendue ; or il est évident que ni la vie, ni la mort, ni la beauté, ni la laideur, ni la force, ni la foiblesse, ni la santé, ni la maladie des corps vivans, ne sont pas des choses étenduës en longueur, en largeur et en profondeur ; ce ne sont pas non plus des choses rondes ou quarrées, ni que l’on puisse fendre ou diviser par pièces ; ce ne sont pas des choses que l’on puisse mesurer à l’aulne ou péser au poids ni à la balance ; quoiqu’elles ne soient néanmoins que des modifications de la matière. Ainsi toutes les modifications de la matière ne sont pas pour cela toujours des choses rondes ou quarrées ; et il seroit même ridicule de dire pour cela que la beauté et la laideur, que la force et la foiblesse, que la santé et la maladie des corps vivans dussent être des choses rondes ou quarrées, et qu’elles dussent pouvoir se fendre et se diviser par parties, sous prétexte qu’elles sont des modifications de la matière.

Pareillement les sons, les odeurs, les goûts ou les saveurs ne sont point des choses rondes ou quarrées ; et il seroit ridicule de dire qu’elles dussent être rondes ou quarrées, parce qu’elles sont des modifications de la matière. Pareillement les vices et les vertus