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ne sont que des modifications de la matière ; car la vertu dans les hommes n’est rien autre chose qu’une bonne, qu’une belle, honnête et louable manière d’agir et de se comporter ; au contraire le vice dans les hommes n’est autre chose qu’une mauvaise et qu’une laide et blamable manière d’agir et de se comporter. Toutes lesquelles bonnes ou mauvaises manières d’agir et de se comporter dans la vie, sont visiblement dans les hommes, qui sont composés de matière, et par conséquent on ne peut pas dire que les vices et les vertus ne soient pas des modifications de la matière.

Cependant il ne s’en suit pas de-là que les vertus et les vices soient des choses que l’on puisse diviser, fendre ou couper en plusieurs parties, comme on couperoit la matière ; et il seroit même ridicule de dire ou de s’imaginer que telles, choses dussent s’en suivre d’un tel principe. Donc à pari et par conséquence pareille, quand nos pensées et nos connoissances, nos désirs et nos volontés, quand nos sentimens et nos affections, nos amitiés et nos haines, nos plaisirs et nos douleurs, nos joïes et nos tristesses, en un mot quand tous nos sentimens et toutes nos passions ne seroient que des modifications de la matière, il ne s’en suivroit nullement, que ce seroient ni que ce devroient être pour cela des choses rondes ou quarrées, ni que ce seroient pour cela des choses que l’on pouroit, comme ils disent, fendre ou couper par pièces ou par morceaux ; au contraire il est ridicule à dos Cartésiens de s’imaginer que telles choses s’en suivroient.

Tournons autrement, si l’on veut ce raisonnement-ci.