Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 3, 1864.pdf/72

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voudroit pas faire tout le bien qu pouroit faire, et si c’est parcequ’il ne le peut, il n’est donc certainement pas tout-puissant, puisqu’il ne peut faire tout le bien qu’il voudroit bien faire : et ainsi, soit qu’il manque de bonté, soit qu’il manque de puissance pour bien faire parfaitement toutes choses, il s’en suitévidemment qu’il n’est pas infiniment parfait et, par conséquent, qu’il ne seroit pas Dieu, comme nos Christicoles l’entendent.

Seroit-il possible qu’un Etre infiniment bon et infiniment sage ne voudroit pas faire tout le bien, qu’il pouroit faire et qu’il lui seroit convenable de faire pour sa gloire même ? Seroit-il possible qu’il ne voudroit pas empêcher tout le mal qu’il pouroit empêcher et qu’il lui seroit convenable pour sa gloire même d’empêcher ? Seroit-il possible qu’un Dieu infiniment bon et infiniment sage, qui pouroit sans peine et sans difficulté faire toutes ses créatures parfaites et heureuses à tout jamais, voudroit néanmoins les laisser toujours vicieuses et défectueuses, foibls et imparfaites, pour les voir et les laisser ensuite -toujours malheureusement souffrir toutes sortes de maux et de misères dans la vie. Seroit-il possible qu’un Dieu infiniment bon et infiniment sage se plairoit à voir le mal, le désordre, le vice et la confusion dans ses créatures ? Se plairoit-il, par exemple, à les voir estropiées, et mal faites de corps ou d’esprit ; se plairoit-il à les voir languir et mourir de fain et de misère ; se plairoit-il à les voir se haïr,se persécuter, se déchirer, se détruire et se manger cruellement ; comme elles font les unes les autres ? Cela n’est