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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

VINTIMILLE.

Ils m’ennuient avec leurs discussions. — Montrant de Launey. Il ne sait jamais ce qu’il veut, il faut qu’il consulte tout le monde ; il fait des embarras de tout. Que viens-je faire entre cet indécis et cet entripaillé ? Sotte tâche qu’on m’a donnée là ! Il n’y a ni plaisir ni honneur à retirer de pareils combats. Morigéner le peuple ! C’est une affaire de police.

BÉQUART.

Ce n’est pas gai d’être forcé de tirer sur ces pauvres diables.

VINTIMILLE.

Tu deviens sentimental ? C’est la mode du jour. — Il ne s’agit pas de cela. Peut me chaut cette canaille… Écoute-les hurler ! C’est répugnant… Qu’est-ce qu’ils veulent ?

BÉQUART.

Du pain.

VINTIMILLE

S’imaginent-ils que la Bastille est une boulangerie ? — Encore !… Quelle âpreté ils y mettent ! Ils tiennent donc bien à vivre ? Je me demande quel intérêt ils peuvent trouver à leur gueuse d’existence, avec pour tout plaisir leurs vins aigres et leurs femmes mal lavées.

BÉQUART.

Vous savez, monseigneur, si peu que ce soit, on tient toujours à ce qu’on a.

VINTIMILLE.

Vraiment ? Parle pour toi.

BÉQUART.

Oh ! vous, vous avez eu tout ce qu’on peut désirer.

VINTIMILLE.

Tu m’envies ? Il n’y a pas de quoi, mon garçon.

BÉQUART.

Pas de quoi !