Page:Le Théâtre de la Révolution. Le Quatorze Juillet. Danton. Les Loups.djvu/215

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
199
DANTON

jour la chasse au pain quotidien, je travaille au salut de la patrie ; rien n’est perdu de mes peines ; chacun de mes efforts est compté pour la victoire, et je marche avec vous à la tête de l’humanité !

LES OUVRIERS, dans la cour, chantant.

Scions, clouons, forgeons bien
Bois de fusils, manches de piques.
Travaillons grand train.
Soldats de la République,
Vous n’manquerez de rien.

MADAME DUPLAY, souriant.

Ils viennent de terminer une commande pour l’armée du Nord ; ils ont le ventre creux, mais ils sont contents.

ROBESPIERRE.

Peuple sublime ! qu’il est bon d’en faire partie ! qui pourrait pardonner à ceux qui tentent de corrompre cette source d’abnégation et de sacrifice ?

On entend Westermann gronder au dehors.
MADAME DUPLAY.

C’est le général. Il s’impatiente.

ROBESPIERRE.

Fais-le monter.

Madame Duplay sort. — Robespierre jette un coup d’œil sur son miroir. En un instant, sa figure change, devient dure, immobile, glaciale.



Scène II

ROBESPIERRE. WESTERMANN
WESTERMANN, entrant impétueusement.

Tonnerre de Dieu ! ce n’est pas trop tôt. Il y a deux heures que je fais le pied de grue à la porte. Foutre, il est plus difficile d’entrer chez toi que dans une ville vendéenne…

Robespierre, les mains derrière le dos, immobile, les traits rigides, les lèvres pincées, regarde en face Westermann. Westermann, interloqué un instant, reprend.