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DANTON

ROBESPIERRE.

Il s’évanouit ?

VADIER, indifférent.

Un étourdissement.

Saint-Just ouvre la fenêtre. Billaud revient à lui.
SAINT-JUST.

Tu es malade, Billaud ?

BILLAUD, d’une voix rauque.

Qui es-tu ?… Scélérats ! — Je n’en puis plus. Voici dix nuits que je n’ai dormi.

VADIER.

Il passe ses nuits au Comité et le jour à l’Assemblée.

ROBESPIERRE.

Tu travailles trop. Veux-tu qu’un autre te supplée, quelques jours ?

BILLAUD.

Ma tâche ne s’improvise pas. Correspondre avec les départements, tenir dans sa main tous les fils de toute la France, personne ne le peut que moi. Si je m’interromps, tout l’écheveau s’embrouille. Non ; il faut que je reste jusqu’à ce que je crève.

SAINT-JUST.

Nous mourrons tous à la tâche.

BILLAUD.

Ô Nature ! ce n’était pas pour ces orages que tu m’avais créé ! Mon âme est ridée par le souffle des vents meurtriers du désert. Ô cœur trop sensible, tu étais fait pour la retraite, l’amitié, les touchantes émotions d’une tendre famille !

VADIER, ironique.

Ne nous attendrissons point, Billaud.

BILLAUD, reprenant d’un ton violent.

Purifions l’air ! Desmoulins à la guillotine !