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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

Camille, tu vas te faire voler. Te voilà content ! C’est fait. Eh bien, ce n’est donc plus à faire. Je prévois toujours les sottises que je ferai. Mais, grâce à Dieu, je n’en manque pas une… J’ai toujours tué deux heures. Le courrier de Versailles est-il enfin arrivé ? Ah ! le coquin ! Ils s’entendent tous comme larrons en foire. On meurt d’impatience à attendre sa venue. Les tripots vous font signe : on entre pour passer le temps. Il faut bien s’occuper les mains et le reste. Les cartes et les filles ont été faites pour cela. Elles savent vous soulager de l’argent inutile. Mes poches ne pèsent plus guère. Qui veut voir une bourse toute neuve ? Aga ! il n’y a pas une pièce !

LES FILLES, se moquant de lui.

« On t’y ratisse, tisse, on t’y ratissera. »

CAMILLE DESMOULINS.

Chauves-souris de Vénus, vous voilà bien fières d’avoir croqué l’argent d’un pauvre petit diable ! — Morbleu ! il ne vous en veut pas.

« Je le perdrais encor si j’avais à le perdre !… »
UN VIEUX BOURGEOIS.

À bourse de joueur n’y a point de loquet.

GONCHON.

Jeune homme, je vois que vous êtes gêné. Pour vous obliger, je vous prêterai sur cette chaîne trois écus.

DESMOULINS.

Généreux Gonchon, tu veux donc me mettre tout nu comme un Saint-Jean ? Laisse faire ces demoiselles. Elles s’en chargent bien sans toi.

GONCHON.

Jean-foutre de petit gueux, sais-tu à qui tu parles ?

DESMOULINS.

Tu es Gonchon : c’est tout dire. Tu es bijoutier, usurier, horloger, banquier, limonadier, bordelier. Tu es tout, tu es Gonchon, roi des tripots.