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LES LOUPS

VERRAT.

Il y a un vieux fond d’aristocrate en lui. Vois-tu, Chapelas, tous ces gens qui étudient les livres, ce ne sont pas des vrais sans-culottes, des purs, des amis du peuple comme nous. Ils se croient supérieurs ; et pourtant, je voudrais bien savoir comment ils s’en tireraient sans nous. Si on laissait faire Teulier, on attendrait de voir les flammes pour crier : Au feu !… Voilà bien la façon de raisonner méticuleuse et stupide de ces hommes de science ! Ils n’ont aucun sens des choses réelles. Il faut des gens comme cela pour noircir le papier, pour fabriquer des pensées ; mais s’il n’y avait qu’eux pour donner le coup de balai, la nation risquerait de pourrir dans l’ordure. — Vois ce bougre de d’Oyron. Il est suspect : autant dire criminel. Il est capable de faire une trahison : c’est comme s’il l’avait faite. Que manque-t-il ? le fait, la constatation du fait. C’est-à-dire qu’il faudrait attendre que le mal fût irréparable pour l’empêcher ? — Non pas. — Du reste… Suffit, nous sommes là.



Scène V

BUQUET, JEAN-AMABLE, VIDALOT ET LES PRÉCÉDENTS. Trois soldats traînent et poussent un paysan qui gémit. — Quelques jeunes officiers les suivent par curiosité.
SOLDATS.

Avance, Prussien. Veux-tu bien avancer ?

VERRAT.

Qu’est-ce que c’est que ça ?

UN SOLDAT.

Le citoyen représentant n’est pas là ?

VERRAT.

Il est souffrant, dans sa chambre ; il se repose. — Un espion ?