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MONUMENT





Tout périra : le marbre aussi bien que l’argile.
La matière que dompte une savante main
N’en saurait recevoir qu’une forme fragile.

Ce qui vécut mille ans disparaîtra demain ;
Car le Temps brise, aidé par la fureur de l’homme,
Les œuvres du génie et de l’orgueil humain.

Oui, toujours, ignorant du nom dont on les nomme,
Le barbare soldat de Mummius ou d’Athel
Mêle la cendre grecque à la cendre de Rome.

Le Dieu que Phidias fit jaillir immortel
Du Paros, chair sublime où l’Olympe respire,
Est rentré dans la terre en tombant de l’autel ;

Et de plus d’un César, qu’il fût mauvais ou pire,
Dont l’orgueil s’incarnait au bronze souverain,
On a fendu la gloire et monnayé l’empire :