Page:Le Tombeau de Théophile Gautier, 1873.djvu/127

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TOAST FUNÈBRE





Ô de notre bonheur, toi, le fatal emblème !

Salut de la démence et libation blême,
Ne crois pas qu’au magique espoir du corridor
J’offre ma coupe vide où souffre un monstre d’or !
Ton apparition ne va pas me suffire :
Car je t’ai mis, moi-même, en un lieu de porphyre.
Le rite est pour les mains d’éteindre le flambeau
Contre le fer épais des portes du tombeau :
Et l’on ignore mal, élu pour notre fête
Très-simple de chanter l’absence du poëte,
Que ce beau monument l’enferme tout entier :
Si ce n’est que la gloire ardente du métier,
Jusqu’à l’heure dernière et vile de la cendre ,
Par le carreau qu’allume un soir fier d’y descendre
Retourne vers les feux du pur soleil mortel !

Magnifique, total et solitaire, tel
Tremble de s’exhaler le faux orgueil des hommes.