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Page:Le Tombeau de Théophile Gautier, 1873.djvu/156

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Mais, en bas, les bosquets sont remplis de victimes,
Et les démons, pareils à des chauves-souris,
Sous la forme d’enfants emportent aux abîmes
Les âmes d’amoureux, par leurs griffes surpris.

Le triomphe éternel que le destin t’assure,
Ô Faucheuse et Camarde ! ainsi, bien avant nous,
Le rendit, dans des jours de meurtre et de luxure,
Le vieux maître croyant qui peignait à genoux !


II.


Quel temple, tôt ou tard, ne manque de lévite ?
Quel dieu ne voit venir l’heure d’être embaumé ?
Toute croyance meurt, et sa chimère habite
Le tombeau des aïeux, sur elle refermé.

Mais, comme aux jours naïfs, dans un siècle incrédule.
Le souci de la mort nous ronge et nous pâlit.
Distraits sur le théâtre où le sort nous accule,
Sans cesse nous rêvons de notre dernier lit !

Le poëte, à présent cousu dans son suaire,
Dressa le monument de notre désespoir,
Et son œuvre est un vaste et magique ossuaire
Avec des pleurs d’argent sur des fonds de drap noir.