Page:Le Tombeau de Théophile Gautier, 1873.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LA COMÉDIE DE LA MORT





Ô Mort, dont Théophile a peint la comédie,
As-tu tranché ses jours assez cruellement ?
Son puissant cœur lutta contre la maladie ;
Sa verve se jouait de ton acharnement.

Tu le voulais punir de son œuvre applaudie ;
Mais la gloire l’avait adopté pour amant.
Le cygne inanimé laisse sa mélodie :
L’écho répand les vers du poëte dormant.

Ton triomphe est manqué, reine des catacombes !
Le sien dure : il a dit ton métier dans les tombes ;
Nul peintre n’a rendu, mieux que lui, ta laideur.

Ta faux, en le frappant, l’a sculpté Commandeur ;
Sa figure à jamais resplendit belle et grande !
Il a fait ton histoire, et tu fais sa légende.

PROSPER DELAMBRE.