Page:Le Tombeau de Théophile Gautier, 1873.djvu/72

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Les Olympes toujours ont nos désirs pour jeux !
Mais tu fus le croyant qui voulut toujours croire,
À travers le bruit vain des peuples orageux.

Et c’est pourquoi d’en bas nous saluons ta gloire
Et ton rêve vainqueur de l’ennui meurtrier,
Triomphal invité du Temple de Victoire !

Entres-y, le front ceint du vivace laurier,
Toi qui, sachant n’aimer que la beauté parfaite,
Tout jeune sus la peindre en parfait ouvrier !

Après t’avoir pleuré, les Muses te font fête.
Nostalgique chanteur, du seul paros épris.
Doux comme un revenant, calme comme un prophète !

Prêtre tardif, gardien du culte désappris.
Tu détournas ton cœur des idoles grossières.
Le gardant à l’idole impeccable pour prix.

Honneur à toi parmi les gloires devancières !
Et plus haut par l’oubli des illustres d’un jour,
Tu verras s’écrouler leurs autels de poussières.

Ils t’ont pris par la main ceux-là qui, tour à tour.
Du bout d’un burin d’or nous gravant leur pensée,
Ont de l’œuvre divine épuré le contour.