Page:Le Tombeau de Théophile Gautier, 1873.djvu/79

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Le suprême flocon envolé vers les cieux,
Puis, récolteurs émus de tes cendres chéries,
Traversant les vallons en longues théories,
Nous aurions déposé l’urne de marbre blanc
Au bord d’un fleuve bleu sous les branches tremblant.
Dans le Paros, parmi les festons de l’acanthe.
L’art aurait évoqué le faune et la bacchante
Et les divinités indulgentes des bois ;
Chœur dansant, visions exquises d’autrefois ;
Et les buissons fleuris seraient pleins de colombes.
Car leur frêle blancheur est douce auprès des tombes.
Dans ce bois consacré ton esprit souverain,
Poëte, aurait plané sur le marbre serein,
Et lorsque, le cœur las des hommes et des choses.
Nous t’aurions visité parmi tes lauriers-roses.
Pèlerins consolés, nous aurions bu souvent
Un peu de ta grande âme éparse dans le vent !

PIERRE ELZÉAR.