Page:Le Tour du monde, nouvelle série - 19.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


HALAGE DES CARCASSES DE PHOQUES VERS FRAMHEIM.


AU PÔLE SUD[1]

PAR ROALD AMUNDSEN


III. — CONSTRUCTION DE DÉPÔTS SUR LA ROUTE DU PÔLE


Reconnaissance sur le front de la Barrière. — Établissement d’un dépôt de vivres au 80° de latitude. — Précautions prises pour retrouver les dépôts. — Une étape de 100 kilomètres. — Perfectionnements apportés à l’équipement. — Seconde expédition pour installer une « cache ». — L’automne dans l’Antarctique. — 41° sous zéro. — Un pôle de froid sur la Barrière. — Monticules trompeurs. — Troisième expédition au 80° de latitude.


LINDSTRÖM EN OBSERVATION.


Le transport du matériel des bords de la baie à la station ne suffit plus à occuper huit hommes. Il est alors décidé que, pendant que quatre d’entre nous achèveront le charroi des approvisionnements, les autres iront reconnaître le terrain dans le Sud et établir un dépôt de vivres au 80e de latitude.

Le départ est fixé au 10 février. À notre retour, le Fram aura repris la mer. Donc, la veille, je fais mes adieux aux camarades. J’ai à cœur de remercier ces excellents collaborateurs de leur dévouement. Tous regrettent de nous quitter au moment le plus intéressant et de ne pas prendre part à l’expédition vers le Pôle. Pendant des mois ils vont obscurément lutter contre les glaces et les tempêtes, puis, dans un an, de nouveau ils entreprendront un long et pénible voyage pour revenir nous chercher. C’est pour eux une dure épreuve, mais nul ne songe à se plaindre. Ayant promis leur concours au succès de l’expédition, tous mettent leur point d’honneur dans l’accomplissement silencieux du devoir. Je laisse au capitaine Nilsen des instructions qui peuvent être résumées en une phrase : « Poursuivez, lui écrivais-je, l’exécution de notre programme de la manière que vous estimerez la meilleure. » L’habileté de mon second m’inspire une confiance absolue : commandé par cet officier expérimenté, le Fram est en bonnes mains.

Le lieutenant Presterud et moi nous allons examiner de l’autre côté de la baie les voies d’accès au front de la Barrière. Dans cette partie du mouillage, la banquise est encore intacte, traversée seulement de rares fentes. Plus loin, vers l’intérieur de la baie, s’élèvent des rangées de monticules engendrés par les pres-

  1. Suite. Voyez pages 25 et 37.