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pale est le temps épouvantable et le froid excessif, inattendus à cette époque, que nous avons eu à supporter à la fin du voyage. Cette traversée de la Barrière a été au moins trois fois plus pénible que la marche sur le plateau. Nul n’eût pu prévoir rien de pareil ; tous mes calculs ont été par suite en défaut, et nous nous trouvons à un peu plus de 100 milles de nos quartiers d’hiver, dans un état de complet épuisement.

Adieu. Veillez, je vous prie, à ce que l’Amirauté s’occupe de ma veuve. — R. Scott.

Mes meilleurs souvenirs à lady Egerton. Je ne pourrai jamais oublier toute votre bonté.


CROIX ÉLEVÉE PAR L’EXPÉDITION DE SECOURS À LA MÉMOIRE DU CAPITAINE SCOTT ET DE SES COMPAGNONS SUR LA COLLINE DE L’OBSERVATOIRE.


À M. J. J. Kinsey. Christchurch.
24 mars 1912.
Mon cher Kinsey,

Nous sommes très près de la fin, je le crains. Quatre jours de blizzard juste au moment d’arriver au prochain dépôt. Mes pensées ont souvent été vers vous. Vous êtes un gentleman. Vous sauverez l’expédition, j’en suis certain. Toutes mes préoccupations vont à ma femme et à mon enfant. Auriez vous la bonté de faire ce que vous pourrez pour eux, si le pays ne le fait pas ? Je désire que mon fils soit mis à même de se créer une position, mais vous savez la situation. Si j’emportais l’assurance que ma femme et mon fils sont à l’abri du besoin, je quitterais le monde sans grand regret. J’ai l’impression que le pays n’aura pas à rougir de nous : notre itinéraire est le plus long qui ait été accompli, et, sans une mauvaise chance absolument exceptionnelle à la fin du voyage, nous serions revenus. Nous avons atteint le Pôle Sud comme nous l’annoncions. Dieu bénisse ainsi que la chère Mrs Kinsey. Il m’est agréable de me souvenir de vous et de toutes vos bontés. — Votre ami, R. Scott.



Le commandant Scott écrivit en outre des lettres à sa mère, à sa femme, à son beau-frère (sir William Elison Macartney), à l’amiral sir Lewis Baumont, à M. et Mrs Reginald Smith. À cette correspondance sont empruntés les passages suivants :


« Le Seigneur m’a rappelé, et je sens que cela va ajouter une souffrance à celles si pénibles que la vie vous a déjà apportées. Mais trouvez un réconfort dans la pensée que je meurs sans peur, en paix avec le monde et avec moi-même.

« En vérité, une mauvaise fortune singulière nous a poursuivis, car les dangers auxquels nous avons été exposés ne m’ont jamais semblé très grands.

« Quel dommage que la chance ne nous ait pas favorisés, car jusque dans ses moindres détails notre équipement était parfait.

« Depuis que je vous ai écrit, nous sommes arrivés à 20 kilomètres de notre dépôt, n’ayant de combustible