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PRÈS DE SILVERÉAL, LES MAS OFFRENT UN ASPECT TRÈS CHAMPÊTRE (page 282).

Cette croyance se perd dans la nuit des temps. Dès l’an 1220, Gervais de Tilisberg, maréchal du royaume d’Arles, rapporte dans son traité de Géographie l’épisode du débarquement des Saintes et la consécration de l’église. Deux siècles plus tard, la tradition étant demeurée intacte, René d’Anjou, comte de Provence, entreprit de découvrir les reliques, alla visiter l’église où elles étaient présumées reposer et après avoir obtenu, en juin 1948, du pape Nicolas V la permission de faire les recherches, ordonna d’en commencer les travaux. Les fouilles, exécutées sous la surveillance de l’archevêque d’Aix, Robert Damian, amenèrent la découverte, sous le grand autel de l’église, des ossements de deux corps humains. Après une enquête assez minutieuse, des pièces et documents divers furent réunis et le cardinal légat du pape, comme juge et commissaire apostolique, prononça, en présence du roi, de la reine et d’une cour brillante, le décret déclarant, par l’autorité du Saint-Siège, que les corps des saintes Marie Jacobé et Salomé reposaient réellement dans l’église de Notre-Dame de la Mer. Le 3 décembre 1948 eut lieu la cérémonie de l’élévation des corps des deux saintes ; en raison de l’affluence énorme de la population, l’église se trouvant trop petite, les ossements furent déposés sur une table qui fut transportée sur la place publique et c’est là qu’eut lieu le panégyrique. Le lendemain les reliques furent placées par les évêques dans deux châsses en bois de cyprès et déposées dans la chapelle haute de l’église, où elles se trouvent encore aujourd’hui. Les châsses étaient fermées de quatre clefs dont deux furent remises au roi, puis conservées dans les archives de la Chambre des Comptes d’Aix et les deux autres furent confiées au prieur de l’abbaye de Montmajour, qui avait l’église de Notre Dame de la Mer dans sa dépendance. Depuis lors, les ossements vénérés n’ont pas quitté l’église, sauf pendant les mauvais jours de la Révolution où la dévotion du curé et des fidèles réussit à les soustraire à des investigations répétées.

Toutes les pièces les plus importantes de l’enquête de 1458, des bulles pontificales, des procès-verbaux de visite des reliques sont déposés à la cure des Saintes-Maries et l’excellent homme, le très intéressant guide qu’est le curé les montre et les détaille avec un légitime orgueil.

Les 23, 24 et 25 mai de chaque année a lieu un pèlerinage auquel se rend une foule immense. Nous n’avons pas eu la bonne fortune d’y assister mais nous en avons interrogé de nombreux témoins et il a, d’ailleurs, été maintes fois décrit. En dehors du spectacle toujours impressionnant de la foule électrisée par un élan de foi, ces cérémonies réservent à la curiosité du visiteur tout l’intérêt du pittoresque des costumes et des fêtes locales, qui suivent les fêtes religieuses. C’est le second jour du pèlerinage, à l’issue des vêpres.