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Pendant mon absence, l’organisation de la station a été très heureusement complétée et les observations scientifiques mises en train. Après l’existence primitive que nous venons de mener à la pointe de la Hutte, l’excellente maison du cap Evans produit sur nous la plus agréable impression. Avec son éclairage, elle nous semble un palais resplendissant et ses installations luxueuses. Combien il est agréable de s’asseoir à une table, de prendre un bain quand on a été privé de ces commodités pendant trois mois, et quel plaisir on ressent à revêtir des vêtements propres et secs !

Aussitôt après mon retour, désireux de montrer les améliorations qu’ils ont apportées à notre habitation et dont ils sont très fiers, les habitants de la station me font faire le tour du propriétaire.

VAÏDA, UN DE NOS CHIENS.

Lundi, 17 avril. — À 8 heures du matin, départ pour la pointe de la Hutte avec deux escouades et autant de traîneaux. La première comprend : Lashley, Day, Demetri et moi ; la seconde : Bowers, Nelson, Crean, Hooper. Outre notre équipement personnel, nous emportons pour les camarades demeurés là-bas des vivres pour une semaine, du beurre, de la farine, du lard, du chocolat, etc.

Sur la banquise, avançant contre un vent violent et un chasse-neige aveuglant, le tirage devient très pénible. Plusieurs de nous sont mordus au visage par la gelée, tandis que d’autres ont les pieds littéralement glacés. Depuis notre passage, une corniche de glace s’est reformée au sommet de la falaise de glace que nous avons maintenant à escalader, et les deux bouts de la corde ayant, il y a quatre jours, servi à descendre cet à pic sont enfouis. Souffrant atrocement du froid, nous campons pour prendre le thé et changer de chaussures et de bas. Pendant que l’eau est sur le feu, Bowers et moi partons à la recherche d’une brèche permettant de gravir la falaise. Tout compte fait, nous décidons de tenter le passage près d’une corniche surplombante, voisine de notre corde.

Après déjeuner, nous déchargeons un traîneau. Tenu en l’air par quatre hommes, son bord supérieur atteint juste le bord de la corniche. Grimpant alors sur le dos de mes camarades, puis sur le véhicule, je taille avec une hache des pas au-dessus de la crête de glace, et parviens ainsi à gagner le sommet de la falaise. Avec la corde, j’aide ensuite Bowers à monter ; les autres suivent, finalement tout l’attirail est hissé pièce à pièce. Les traîneaux une fois rechargés, de nouveau en route

Mardi, 18 avril. — Pénible ascension du Castle Rock, littéralement transpercés de sueur. Cette sudation abondante par un temps aussi froid peut entraîner des conséquences graves. Arrivés à 1 heure de