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Page:Le Tour du monde, nouvelle série - 20.djvu/67

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III. — SUR LA GRANDE BARRIÈRE


Étapes pénibles. — Abandon des automobiles. — Arrivée à l’One Ton Camp. — Les « rosses » résistent.


1er novembre. — Départ ce matin par détachements[1]. Michael, Nobby, Chinaman s’ébranlent les premiers vers 11 heures. Le harnachement de ce petit diable de Christophe a été laborieux comme toujours. Je conduis Shippers. Dix minutes plus tard, Evans avec Snatcher nous dépasse, à toute allure selon son habitude.

À l’île Razor Back, la brise souffle très frais et le ciel est menaçant. À 1 600 mètres au sud de cette terre, Bowers et Victor me devancent et je reste à la queue de la colonne, position que je préfère.

Snatcher prend promptement les devants et couvre l’étape en quatre heures. Ce poney, aussi dispo à l’arrivée qu’au départ, a accompli le trajet sans le moindre effort. Bones et Christophe finissent l’étape également très en forme. Un peu plus tard, je rejoins un groupe formé de Bowers, Wilson, Cherry et Wright ; je suis heureux de voir que Chinaman marche très bien. Son allure lente est très régulière ; il ira loin, je crois. Victor et Michael sont repartis ; les trois traînards de la colonne ont employé un peu moins de cinq heures à effectuer le trajet. Nous arrivons au bivouac juste au moment où le temps devient mauvais. Bientôt le vent souffle en tempête.

Jeudi, 2 novembre. — Pointe de la Hutte. La caravane en marche donne l’impression de régates ou d’une escadre composée d’unités possédant des vitesses très différentes avançant en ligne.

L’ordre de route est modifié. Désormais l’expédition marchera divisée en trois groupes : en tête les poneys très lents, puis ceux dont le train est un peu plus vif, enfin les grands coureurs. Snatcher, quoique partant le dernier, passera probablement à l’avant-garde. À l’avenir, les étapes seront accomplies la nuit ; nous partirons donc après le souper.

D’heure en heure le temps s’améliore, mais, en cette saison, cela ne signifie pas grand chose. Meares et Demetri ont rejoint avec l’attelage de chiens, ainsi que Ponting, muni d’un matériel photographique considérable.

Vendredi, 3 novembre. — Un vent très frais soulève quelques tourbillons de neige ; néanmoins, nous partons. Le détachement d’Atkinson, avec Jéhu, Chinaman et Jimmy Pigg, s’ébranle le premier à 8 heures ; deux heures plus tard, Wilson, Cherry-Garrard et moi nous nous mettons en route, sur la banquise, les poneys prennent un pas régulier. Le vent a beaucoup molli, en revanche la température s’est abaissée ; aussi bien la brise, quoique faible, est singulièrement âpre.

LES VAGUES DE NEIGE APPELÉES « SASTRUGI ».

À Safety Camp nous trouvons Atkinson. Bientôt y arrive Ponting avec Demetri et un petit attelage de chiens. L’appareil

  1. Pendant son voyage au Pôle, le commandant Scott a noté chaque jour dans son journal, comme il l’eût fait sur son livre de bord au cours d’une navigation, tous les événements intéressant la marche de l’expédition. C’est, par suite, un memento de tous les mouvements des diverses escouades de la caravane, une série de notes brèves destinées à rappeler des faits à celui qui en avait été témoin et qui devait lui permettre de rédiger ultérieurement une relation de ces faits. Aussi bien, pour permettre au lecteur de suivre ce document,