LE PÔLE MEURTRIER[1]
V. — SUR LE PLATEAU POLAIRE.
endredi, 22 décembre. — Quarante-quatrième campement. Altitude :
2 130 mètres environ. Température : −18°,3. La troisième partie
de l’expédition s’ouvre sous des auspices favorables. Une fois le dépôt
installé, nous prenons congé de nos chers camarades et, à 9 h. 20, nous
nous attelons à nos traîneaux lourdement chargés. Mes craintes sont
vite dissipées par notre allure rapide. La seconde escouade nous suit
de près, c’est la preuve que les éléments faibles de la caravane ont
été éliminés et que j’ai bien choisi mes collaborateurs. Nous avançons
très facilement et déjeunons à 1 heure. Le soir nous campons à 6 h. 15.
En sept heures, nous avons couvert 19 kilom. 2. Latitude observée :
85°13′ 1/2 ; longitude : 161°55′.
Demain, l’étape sera plus longue, neuf heures environ. Chaque jour devant amener un allégement des charges, nous pourrons donc marcher à la vitesse nécessaire pour parvenir au but. Aujourd’hui nous nous sommes élevés d’environ 75 mètres. Toute la journée, de même que la nuit précédente, très beau temps (température pendant la nuit : −22°,6). Dans la matinée, pendant une ou deux heures, légère buée produite par des nuages. Maintenant ciel très clair et vue magnifique sur les montagnes situées au Nord.
Samedi, 23 décembre. — Gain en altitude : 111 mètres. Départ à 8 heures, route au Sud-Ouest. Montée très faible ; marche facile pendant trois heures environ, ensuite des crevasses dangereuses et des crêtes abruptes. Le terrain devenant très difficile, nous revenons dans le Nord, puis inclinons dans l’Ouest. Dans tous les cas nous nous élevons. C’est énervant de venir autant dans l’Ouest, mais la persévérance nous fera triompher des obstacles.
- ↑ Suite. Voyez pages 13, 25, 37, 49 et 61.