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PONEYS ET TRAÎNEAU EN MARCHE.



LE PÔLE MEURTRIER[1]

JOURNAL DE ROUTE DU CAPITAINE SCOTT
Adapté par M. Charles Rabot


V. — SUR LE PLATEAU POLAIRE.


Marche plus facile. — Une étape de 28 kilomètres. — Chute dans une crevasse. — La Noël. — Plantureux dîner. — Difficultés avec les traîneaux. — Le dépôt des Trois degrés. — Le 1er janvier 1912, la caravane est à 272 kilomètres du Pôle. — Retour en arrière de l’escouade du lieutenant Evans. — L’escouade de Scott seule sur la route du Pôle.


UN DES CHIENS.


Vendredi, 22 décembre. — Quarante-quatrième campement. Altitude : 2 130 mètres environ. Température : −18°,3. La troisième partie de l’expédition s’ouvre sous des auspices favorables. Une fois le dépôt installé, nous prenons congé de nos chers camarades et, à 9 h. 20, nous nous attelons à nos traîneaux lourdement chargés. Mes craintes sont vite dissipées par notre allure rapide. La seconde escouade nous suit de près, c’est la preuve que les éléments faibles de la caravane ont été éliminés et que j’ai bien choisi mes collaborateurs. Nous avançons très facilement et déjeunons à 1 heure. Le soir nous campons à 6 h. 15. En sept heures, nous avons couvert 19 kilom. 2. Latitude observée : 85°13′ 1/2 ; longitude : 161°55′.

Demain, l’étape sera plus longue, neuf heures environ. Chaque jour devant amener un allégement des charges, nous pourrons donc marcher à la vitesse nécessaire pour parvenir au but. Aujourd’hui nous nous sommes élevés d’environ 75 mètres. Toute la journée, de même que la nuit précédente, très beau temps (température pendant la nuit : −22°,6). Dans la matinée, pendant une ou deux heures, légère buée produite par des nuages. Maintenant ciel très clair et vue magnifique sur les montagnes situées au Nord.

Samedi, 23 décembre. — Gain en altitude : 111 mètres. Départ à 8 heures, route au Sud-Ouest. Montée très faible ; marche facile pendant trois heures environ, ensuite des crevasses dangereuses et des crêtes abruptes. Le terrain devenant très difficile, nous revenons dans le Nord, puis inclinons dans l’Ouest. Dans tous les cas nous nous élevons. C’est énervant de venir autant dans l’Ouest, mais la persévérance nous fera triompher des obstacles.

  1. Suite. Voyez pages 13, 25, 37, 49 et 61.