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cette amitié, mais jamais amitié ne devint plus sincère. Dans les derniers temps, des objets du plus grand prix pour eux gisaient épars de tous côtés ; ils ne dérobèrent même pas un clou.

Le chenal Kennedy. — Dessin de J. Noël d’après Kane.

Hier, quand je parlai du respect qu’ils avaient pour ce qui nous appartenait, Metek me répondit par deux courtes sentences qui résumaient toute sa morale : « Vous nous avez fait du bien. Nous n’avons pas faim, nous ne voulons pas voler. Vous nous avez fait du bien, nous voulons vous aider, nous sommes vos amis. »

Ce fut une scène touchante que la distribution de nos présents d’adieu ; l’un avait une scie ou une lime, tel autre un couteau, tous un souvenir de nous. Les chiens furent donnés à la communauté, excepté Toodla Mik et Whitey : je ne pouvais me séparer de ces animaux, les chefs de notre attelage.

Il ne nous restait plus qu’à faire nos derniers adieux à ce peuple confiant. Je leur parlai, comme on parle à des frères, leur disant que par delà le glacier, par delà la mer, ils trouveraient un pays leur offrant plus de ressources, où les jours étaient plus longs, où il y avait plus de pêche et de chasse.

Les monts Parry. — Dessin de J. Noël d’après Kane.

Je leur donnai des croquis de la carte jusqu’au cap Shackelton, indiquant les promontoires, les terrains de chasse et les meilleurs campements, depuis Red-Head jusqu’aux établissements danois. Ils m’écoutèrent avec un intérêt profond, se lançant de temps à autre des coups d’œil fort significatifs. Je ne serais pas étonné d’ap-