muniquer tout leur savoir et à échanger leurs produits, mais ils nous auraient dérobé tout ce que nous possédions si nous n’y eussions pris garde. Nous avons obtenu d’eux beaucoup de reliques de nos compatriotes, et nous aurions pu en acheter beaucoup plus encore, si j’avais eu des moyens suffisants de transport. En indiquant le nord-nord-est, ils nous ont dit qu’à cinq jours de marche dans cette direction, dont un sur la mer glacée, on arrivait au lieu du naufrage.
« Aucun d’eux n’y était allé depuis 1857-58, époque à laquelle il n’y restait plus rien à récolter, dirent-ils, leurs compatriotes ayant emporté presque tout.
« La plupart de nos informations nous ont été données par une vieille femme très-intelligente, qui n’hésita jamais devant les questions de Petersen, et dont tous les dires furent confirmés par un de ses compatriotes témoin de ses interrogatoires. Elle nous dit que le bâtiment avait été jeté à la côte, et que plusieurs des hommes blancs avaient succombé sur la route de la Grande-Rivière ; mais ce ne fut que pendant l’hiver suivant que leurs cadavres, découverts par les Esquimaux, instruisirent ceuxci de la destinée des kablounas.
« Ils nous assurèrent tous que nous trouverions des indigènes sur la rive méridionale de la Grande-Rivière, et peut-être aussi au lieu du naufrage ; mais malheureusement il n’en fut pas ainsi : nous ne trouvâmes qu’une seule famille au-dessous de la Pointe-Booth, et personne à l’île Montréal ou en aucun des lieux visités plus tard.
« Nous parcourûmes successivement la Pointe-Ogle, l’île Montréal et l’entrée de Barrow ; mais nous n’y trouvâmes rien, excepté quelques morceaux de cuivre et de fer dans une cachette des Esquimaux. Nous avions alors atteint les limites du champ des recherches exécutées en 1855 par MM. Anderson et Stewart, et n’ayant pas l’espérance de rencontrer de nouveaux indigènes dans cette direction, nous repassâmes sur l’île du Roi-Guillaume, et continuâmes d’explorer ses rives sud sans aucun succès, lorsque le 24 mai, à environ 10 milles à l’est du cap Herchell, nous découvrîmes un squelette blanchi autour duquel étaient quelques fragments de vêtements européens.
« Après avoir avec soin écarté la neige, nous trouvâmes aussi un petit portefeuille contenant quelques lettres, qui, bien que détériorées, peuvent encore, néanmoins, se déchiffrer. Nous avons jugé, par les restes de ses vêtements, que cet infortuné jeune homme était un garçon d’hôtel ou un domestique d’officier, et sa position confirmait exactement le dire des Esquimaux, que les kablounas avaient succombé, l’un après l’autre, sur le chemin qu’ils avaient pris.
« Le jour suivant, nous arrivâmes au cap Herschell, et nous examinâmes le cairn élevé par Simpson (en 1839), ou plutôt ce qu’il en reste, car il n’a plus que quatre pieds de haut, et les pierres centrales ont été déplacées, comme si l’on eût mis quelque chose au-dessous. Mon opinion, for-