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enveloppe de toutes parts, et qui sera forcée de les extirper.

« Les ennemis qui menacent le buffle sont nombreux, mais le plus dangereux est encore l’Indien, qui a imaginé bien des moyens et des procédés pour amener cet animal en sa puissance. La chasse au buffle est pour l’Indien une chasse nécessaire, en ce qu’il se procure par là sa nourriture ; mais c’est aussi pour lui la suprême jouissance. Monté sur un de ces chevaux agiles et patients, pris dans la savane à l’état sauvage, il se plaît à promener la mort au milieu d’un troupeau. Dès qu’il en a découvert un, il se débarrasse lui et sa bête de tous les objets qui pourraient les gêner dans leur course ; les vêtements et la selle sont jetés de côté ; il ne conserve qu’une grossière courroie de 19 mètres de long, attachée sous le menton du cheval et qui, jetée par-dessus le cou de la bête, traîne à terre dans toute sa longueur ; c’est une bride, mais avant tout un en cas dont le cavalier se sert dans les chutes ou après tout autre accident, pour rattraper sa monture.

« Le chasseur tient dans sa main gauche son arc et autant de flèches qu’il peut en porter ; dans sa droite, un fouet dont il frappe sans pitié son cheval. Celui-ci, dressé depuis longtemps, va se placer tout contre le but désigné, afin de fournir à son cavalier l’occasion de percer le buffle à coup sûr. Mais aussitôt que la corde a sifflé, que la flèche a pénétré dans la laine frisée, le cheval fait instinctivement un bond pour échapper aux cornes de son ennemi furieux, et se dirige vers une autre victime. Ainsi se poursuit à travers la savane, avec la rapidité de l’éclair, cette chasse à courre, jusqu’à ce que l’épuisement du cheval avertisse le chasseur qu’il faut cesser cet exercice. Cependant les buffles blessés agonisent à l’écart. Les femmes du chasseur ont suivi ses traces, elles achèvent les victimes et emportent les meilleurs morceaux dans leurs wigwams, où la chair est coupée en tranches minces et séchée au soleil, tandis que la peau est tannée d’après un procédé très-simple. Inutile de dire que le reste est laissé en pâture aux loups, qui suivent toujours les troupeaux en nombre considérable.

Indiens Comanches. — Dessin de Duveau d’après les Reports of explorations, etc. (voy. la note 1 de la page 338).

« Le buffle a une longue crinière qui lui voile les yeux et l’empêche de bien voir et de distinguer les objets, ce qui permet a l’Indien de le chasser aussi à pied. À cet effet, l’homme se recouvre d’une peau de loup et s’avance vers son but, à quatre pattes, tenant ses armes devant lui. Si le vent ne le trahit pas en le dépouillant de son vêtement emprunté, il arrive facilement près du buffle, qu’il abat sans que ce bruit trouble le moins du monde le reste de la bande. En effet, les coups de feu n’effrayent pas ces animaux, dont l’excellent odorat sent, en revanche, de fort loin la présence de l’homme, et un chasseur bien blotti et abrité contre le vent peut faire un ample butin au milieu d’un troupeau qui paît. C’est à peine si les voisins du blessé, en en-