Page:Le Tour du monde - 01.djvu/372

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y a, il est vrai, assez d’eau pour donner à la terre toute l’humidité désirable pour une bonne récolte ; mais cette provision est vite épuisée quand les sources ne sont pas alimentées par la neige des montagnes, et les plantes se dessèchent avant même de produire des grains ; heureusement ces cas sont rares, et dans les années favorables, le produit des moissons est considérable. On dit que dans toute la vallée de Rio-Grande, dont la largeur est d’un quart de mille à quatre milles, il n’y a qu’un huitième du terrain qui ne peut être cultivé faute d’eau ; quant aux autres sept huitièmes, des milliers de colons et même des centaines de mille ne suffiraient pas pour les cultiver. Les principales productions sont le maïs, le blé, et, depuis quelques années, l’orge. Chose singulière ! les efforts pour y introduire la pomme de terre ont été infructueux ; aussi ne voit-on que de petits champs plantés de ce légume, né pourtant sur le continent américain. Les oignons, les courges et les melons viennent à merveille au Nouveau-Mexique, et y atteignent une grosseur prodigieuse ; les fruits y sont excellents, et on y cultive la vigne avec un grand succès. Déjà, près El-Paso, on aperçoit de vastes vignobles avec des grappes magnifiques, qui donnent le vin bien connu d’El-Paso. Les Espagnols ont, dit-on, introduit cette espèce qui a beaucoup prospéré ; mais l’expérience des dernières années a prouvé que la vigne importée d’Europe ne vaut pas celle d’Amérique quand elle a été améliorée. Le procédé employé par les habitants du Nouveau-Mexique est très-simple : ils ne font pas grimper la vigne à des pieux et à des échalas ; ils la coupent, en automne, rez terre, pour qu’au printemps elle pousse toujours de nouveaux rejetons. Les prudents vignerons couvrent leurs vignes avec de la paille pendant l’hiver, pour les garantir de la gelée. Au printemps, les vignobles sont mis sous l’eau et conservés dans cet état jusqu’à ce que le sol soit détrempé, ce qui, ordinairement suffit pour le reste de l’été. Les premières grappes commencent à mûrir en juillet ; les dernières se coupent à la fin d’octobre. Des hommes, pieds nus, foulent des grains dans de larges cuves, puis les pressent dans des sacs grossiers en peau de bœuf, et ce procédé si simple donne naissance au vin d’El-Paso, qui ressemble au Madère… »

Autel et ruines près de Zuni (voy. p. 367). — Dessin de Lancelot d’après les Reports of explorations.


Choix d’un guide. — Rive occidentale du Rio-Grande. — Femmes fardées. — Isleta. — Le Rio-San-José. — Le Pueblo-Laguna. — La Sierra-Madre. — Le Moro ou Inscription Rock.

Il s’agissait maintenant de chercher un guide qui pût diriger l’expédition dans la seconde partie du voyage et la plus difficile. On devait passer à travers des régions qui ne sont foulées d’ordinaire que par les légers mocassins des indigènes ou les fortes sandales des trappeurs ; le choix d’un guide était donc chose importante,