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de la science du vieux monde, dans un monde né d’hier en quelque sorte.

Restes d’un voyageur retrouvé par ses compagnons dans les déserts du lac Torrens. — Dessin de Doré d’après the Rambles at the Antipodes.

Le point le plus intéressant à visiter dans l’Australie méridionale est la belle mine de cuivre de Burra. Située au nord d’Adélaïde, elle est éloignée de cette ville d’à peu près cent milles. On peut s’y rendre en voyageant toujours en plaine le long de la ligne des charmants coteaux dont je vous ai parlé. Les premiers vingt-cinq milles se font en chemin de fer, et puis on prend la voiture, qui vous mène par une route assez bonne en général, mais parfois détestable. La mine de Burra présente une scène des plus animées. Neuf cents hommes et enfants y sont employés par la Compagnie à extraire la gangue et à la travailler pour la livrer au commerce. Une autre compagnie se charge de la fonte, elle achète la matière première à la compagnie minière et la réduit en cuivre pur pour être expédié. Les mines par elles-mêmes sont de grande étendue, le gisement des filons varie entre une profondeur de quelques mètres et celle de cent dix ; et le système des galeries peut présenter un développement de près de six milles. Cette mine a déjà donné aux actionnaires plus que soixante-deux fois le capital premier, et elle progresse encore ! Il y a d’autres mines à Kapunda et dans d’autres localités, mais aucune ne saurait être comparée en rendement et en étendue avec celle-ci. J’ai encore bien des observations à vous communiquer sur l’Australie méridionale et sur les entreprises récentes tentées, avec un égal enthousiasme, et par les particuliers et par le gouvernement local pour l’exploration de l’intérieur du continent ; entreprises qui viennent d’illustrer les noms des voyageurs Stuart, Babbage, Warburton, Hack, du gouverneur Mac-Donel lui-même, et qui ne sont ni sans grandes fatigues, ni sans grands dangers, témoin ce pauvre Coulthard, mort de soif dans le désert, où il s’était égaré, et retrouvé plusieurs semaines après, sa main de squelette encore étendue sur une cantine en étain, où il avait gravé ses dernières impressions d’agonie !!! Laissez-moi terminer cette lettre en vous affirmant qu’en dépit des richesses minérales que j’ai contemplées de mes yeux ou touchées du doigt depuis quelques mois, je vivrai et je mourrai dans la conviction que le vrai bonheur est étroitement associé aux opérations agricoles, au bon marché et à l’abondance des simples biens dus à la fécondité de notre mère la terre.

Traduit par F. de Lanoye.