Page:Le Tour du monde - 02.djvu/288

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

épouse, de manières plus simples et plus distinguées que lui, fit les honneurs d’un déjeuner à peu près pareil à celui qu’on nous avait servi chez le magwé-mengyi, et de temps à autre elle nous signalait certains plats. Ignorant la coutume de se serrer la main au moment où l’ambassadeur la quittait, elle lui mit amicalement la main sur l’épaule en l’assurant du plaisir que lui avait fait sa visite.

À quelques détails près nos autres visites ressemblèrent aux deux premières. Je dois mentionner seulement le déjeuner que nous offrit le pakhan-mengyi, parce que sa femme y assista, avec ses deux sœurs et sa mère. Leurs manières étaient aussi distinguées que réservées ; plus jolies que ne le sont d’ordinaire les Birmanes, elles possédaient réellement la délicatesse et la grâce.’

Elles portaient le tamein national, jupe étroite en soie rayée, des jaquettes en fine mousseline blanche, et des ornements d’un éclat qu’auraient envié des femmes plus civilisées. Leurs cylindres d’oreilles étaient d’or ; le cercle en était fermé et serti d’un diamant, rubis ou émeraude, entouré de brillants de moindre grosseur. Le collier était formé d’une étroite chaîne d’or, simple ou ornée de perles fines, et garnie de deux rangs de diamants, l’un fixe et l’autre en pendeloque. À leurs doigts scintillaient des bagues de prix ; nous y remarquâmes notamment des rubis de la première grandeur.

Deux des dames présentes se ressemblent singulièrement, et étaient caractérisées par un front fuyant, type de la race d’Alompra. Elles étaient filles de Mekaramen, oncle du roi Tharawadi et que le colonel Burney signale, dans sa relation, comme très-curieux de tout ce qui se rapporte aux sciences européennes.

Jeunes dames birmanes. — Dessin de Morin d’après H. Yule.

La vieille mère, femme très-disposée à la conversation, qui avait longtemps vécu à Rangoun et aimait à montrer l’habitude qu’elle avait acquise des manières anglaises, était la veuve de Moung-Shwé-Doung, autrefois le woong ou ministre de la princesse royale, actuellement régnante. Elle se rappelait fort bien Jan-Ken-ning (le major John Canning) pour l’avoir vu à Rangoun.

Parmi ces femmes, on nous en indiqua une d’un aspect charmant et tout féminin, comme étant la femme d’un tsaubwa, ou prince shan, de Monè. Elle était pour le moment dans la capitale « en congé. » Nous eûmes ainsi l’occasion de voir la haute société birmane en famille, et l’impression qu’elle nous laissa fut des plus favorables.

(La fin à la prochaine livraison.)