et des couteaux à double tranchant, dont la gaîne en bois est proprement jointe avec des lanières de rotin.
« Au sud des Ouajiji habitent les Ouakaranga, tribu moins énergique et dont la condition sociale est inférieure à celle de leurs voisins, tout en s’en rapprochant beaucoup.
« Les Ouavinza, qui semblent réunir les défauts des Ouanyamouézi à ceux des Ouajiji, forment une peuplade fuligineuse de teint, maigre et de mauvaise mine, pauvrement vêtue de petites jupes de cuir ou d’un tablier infiniment trop étroit. Ils complètent ce costume en y ajoutant par derrière un chasse-mouche, qui fait l’office de caparaçon et leur donne l’air d’avoir une queue.
« Les Ouatouta, dont le nom seul éveille la terreur parmi les riverains du lac, sont une horde pillarde qui s’établit dans l’origine au sud du Tanganyika. Après avoir dévasté le Maroungou et l’Oufipa, dont ils enlevèrent presque tous les bestiaux, ils tournèrent à l’est du lac et se dirigèrent vers le nord. Appelés par le chef de l’Oungou pour combattre le puissant chef des Ouarori, les Ouatouta vainquirent non-seulement ces derniers, mais s’emparèrent du territoire de l’imprudent qui avait imploré leur assistance. Chassés à leur tour de l’Oungou par le fils du dépossédé, ils s’étaient retirés sur la rive méridionale du Malagarazi, lorsqu’en 1855 le chef de l’Ouvinza réclama leur aide pour s’emparer de l’Ouhha, dont le chef venait de mourir. Les Ouatouta s’empressèrent de répondre à cette demande, franchirent le Malagarazi et ravagèrent tout le territoire compris entre le fleuve et la rive nord du lac ; puis alléchés par l’espoir du butin, ils attaquèrent le Mséné, l’un des centres commerciaux des Arabes, et il ne fallut rien moins que le feu continu de ceux-ci pendant huit jours pour repousser les assaillants. Malgré cet échec, les Ouatouta se replièrent sur l’Ousoui, qu’ils attaquèrent au commencement de 1858. Quelques mois plus tard, ils marchèrent sur l’Oujiji, après avoir pillé le Goungou, et se disposaient à s’emparer de Kaouélé, dont les Arabes étaient absents. Mais ces derniers revinrent en toute hâte défendre leurs marchandises, et, grâce à leurs nombreux mousquets, triomphèrent des envahisseurs. Aujourd’hui (1859) le territoire de cette race turbulente est limité au nord par l’Outoumbara, au sud par le district de Mséné, à l’ouest par le méridien de l’Ouilyankourou, à l’ouest par les highlands de l’Ouroundi.
« D’après les Arabes, les Ouatouta dédaignent l’agriculture et n’ont pas de résidence fixe. Ils errent d’un lieu à un autre, campent sous les arbres, où ils déroulent tout simplement une natte, et recherchent les pâturages les plus fertiles, afin d’y conduire leurs troupeaux. Un petit nombre portent le vêtement d’écorce, mais ils se bornent en général au plus humble tribut qu’on puisse payer à la décence. Pour exécuter leurs razzias, ils se réunissent par bandes nombreuses, sont suivis d’une quantité de bœufs chargés des femmes, des enfants, des bagages, et dont les cornes sont ornées de bracelets et de fil de laiton, qui constituent l’avoir de leurs propriétaires. Les femmes portent les armes de leurs maris et prennent, dit-on, part au combat. D’une bravoure incontestable, ces bandits méprisent la javeline et les flèches ; ils se battent de