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À Strengnen commencent à disparaître ces costumes télémarkiens à formes antiques, les hautes culottes des hommes, les jupes rayées des femmes et ces petits châles enroulés en turban sur le front et descendant en pointe sur les épaules pour cacher les longues chevelures blondes des paysannes.

Nous entrons dans une baraque où un jeune couple affairé nous sert dans un salon de bois brut un dîner passable. Mme B. cherche à tirer d’un piano antique quelques sons harmonieux ; puis nous nous séparons de nos compagnons d’un jour, qui retournent à Christiania après nous avoir décidés à partir pour la montagne.

Une chasse à l’ours n’a d’intérêt pour le lecteur que par les dangers mêmes qu’ont pu courir les chasseurs ; mais la vérité oblige à déclarer que sans chien et au mois de juin une expédition de ce genre est toujours complètement infructueuse.

Deux ou trois jours passés à Hægland sur le Langvand, dans une famille de chasseurs d’ours, de longues excursions pédestres sur les pentes du Büfjeld et jusqu’à Drangedal, les explorations minutieuses des hautes cavernes où dorment en hiver les énormes plantigrades n’eurent donc d’autre résultat que la découverte des traces fraîches d’une mère ourse et de ses petits, et les balles explosibles ne purent même trouver dans ces solitudes quelque élan égaré sur qui s’exercer. Malgré l’insuccès de la chasse, il est impossible de ne point garder un bon souvenir de ces montagnards au caractère ouvert et franc, de ces vigoureux jeunes hommes souvent balafrés dans leurs luttes avec les terribles bê-