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Tripoli vu du nord. — Dessin de Lancelot d’après une photographie.


Malpropreté des rues. — Les maisons ; leur intérieur. — Les édifices.

N’allez pas croire cependant que la voirie n’existe point. En général, dans tout l’empire ottoman, quand un nouveau pacha arrive de Constantinople et entre en fonctions, il publie un éloquent manifeste appuyé des considérants les plus sages, fortifié d’un pompeux éloge de la propreté. Dans l’intérêt de l’hygiène publique, tout le monde sera tenu de tenir propre le devant de sa maison ou de sa boutique, et cela sous peine des plus sévères punitions. Le décret du nouveau gouverneur, plus heureux que tant de hâtti-humayoun, est mis en vigueur dès le lendemain : chacun arrose et balaye son petit bout de rue ; c’est une émulation indicible pour contribuer à la formation d’une foule de petits tas d’immondices qui seront enlevés et transportés hors de la ville… plus tard. Et puis cette belle ardeur s’éteint, il n’est plus question de nettoyage ; les balais rentrent dans leur repos habituel, et resteront inactifs jusqu’au jour où la Sublime Porte rappellera son représentant et lui enverra un successeur. D’éparpillées qu’elles étaient, les ordures se sont concentrées en monticules, jalons d’un niveau qui sera bientôt atteint ; les zaptiè (gens de police) ont débarrassé de quelques piastres les gens peu zélés en les menaçant de dénonciation ; le pacha a fait acte d’administrateur dévoué au progrès, et tout est pour

Citadelle de Tripoli. — Dessin de Lancelot d’après une photographie.