Page:Le Tour du monde - 04.djvu/159

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flèches, ils dansaient autour d’eux, au son d’une espèce de tambourin et poussaient des hurlements de bêtes sauvages. Enfin, lorsqu’ils voyaient que la vie allait les abandonner, ils saisissaient leur chevelure par le sommet de la tête qu’ils scalpaient…

… Il était nuit ; le camp n’était plus éclairé que par quelques feux qui jetaient une dernière lueur. Les Indiens, plongés dans une profonde ivresse, à la suite du pillage des wagons où ils avaient trouvé une assez grande quantité d’eau-de-vie, gisaient épars au milieu du sang de leurs victimes. Ceux d’entre nous qui vivaient encore étaient réservés, sans doute, pour les tortures du lendemain.

La Providence nous sauva. Un des chefs, d’une structure remarquable, et d’une physionomie bienveillante, avait eu assez de puissance sur lui-même pour ne point boire d’eau-de-vie. Quand il s’aperçut que tous les Apaches étaient plongés dans l’ivresse, il vint à nous, coupa les liens qui nous tenaient garrottés, et nous distribua les vêtements qu’il put trouver, en nous faisant signe de quitter le camp au plus vite.

VÉGÉTATION DANS LE CAÑON DE LA CAL.

Le lecteur doit supposer quel empressement nous mîmes à suivre ce conseil généreux. L’un fuyait n’ayant qu’une chemise sur le dos ; un autre portait un paletot ; d’autres n’avaient pris le temps de saisir aucun vêtement et se sauvaient dans toutes les directions, sans trop savoir où ils allaient. Il était difficile, à cause de l’obscurité de la nuit, de s’orienter au milieu de cette prairie de mesquites qui ralentissaient encore la marche.

Huit hommes, à ma connaissance, sur les trente-trois qui composaient la caravane, furent sauvés.

Nous nous dirigeâmes vers le sud-est, c’est à-dire dans la chaîne de montagnes de la Escondida, où le plomb argentifère abonde. Une seule de ces mines est encore