Page:Le Tour du monde - 04.djvu/272

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porte, comme l’avaient fait tous les autres. Cette excentricité attira l’attention du khalif, qui ne tarda pas à en demander l’explication au sectateur d’Aly, qui lui répondit qu’il agissait ainsi chaque fois qu’il se trouvait dans une réunion de savants sunnites, car, du temps du prophète, un docteur hanéfite avait volé les pantoufles d’un savant chiite. Le représentant de la secte nommée, présent à la conférence, s’empressa de dire que cela ne saurait être vrai, par la raison bien simple qu’il n’y avait pas de hanéfites du temps de Mahomet. Le chiite s’excusa en disant qu’il s’était trompé, et que l’auteur du larcin était un malékite. Le sectateur d’Ibn-Malek, invité à la réunion, imita l’exemple de son collègue hanéfite, et obligea le docteur chiite de rejeter ce crime sur un savant hambalite, et puis de l’attribuer à un chaféite. Les savants des deux derniers rites protestèrent comme les premiers, au grand contentement du chiite qui observa d’un air triomphant que c’était justement ce qu’il avait à prouver, car le khalife venait d’apprendre, par la bouche même des docteurs sunnites, que du temps du prophète il n’y avait ni hanéfites, ni malékites, ni hambalites, ni chaféites, donc le sunnisme n’existait pas, tous les musulmans étaient chiites, le prophète y compris. Là dessus il se leva et quitta l’assemblée.

N. de Khanikof.

(La fin à la prochaine livraison.)

Mourad Mirza, gouverneur général du Khorassan. — Dessin de Hadamard d’après une miniature persane.