Page:Le Tour du monde - 04.djvu/51

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souvent le théâtre de combats, ou tout au moins un sujet de querelles et de contestations sans cesse renaissantes entre la Turquie et la Perse. À plusieurs reprises le châh l’a réclamé comme une de ses dépendances, et, de même que plusieurs autres localités situées dans cette zone indéterminée, il a été quelquefois, de fait, possession persane, puis est retourné à la Turquie entre les mains de laquelle il restait pour le moment, jusqu’à ce que la force des armes ou une surprise le rangeât de nouveau sous l’obéissance du châh. Les beys kurdes de ce sandjak ont eux-mêmes entretenu les prétentions de ce souverain, en refusant, maintes fois, de se reconnaître sujets de la Porte. Cet état leur convenait, en effet ; il favorisait, momentanément du moins, leurs velléités d’indépendance. Quand ils voulaient secouer le joug turc, ils se rangeaient sous la protection du roi de Perse qui, trompé par le fallacieux hommage qu’il recevait de ces beys, non-seulement leur prêtait appui, mais revendiquait encore le territoire de Suleïmanyèh comme sa propriété légitime.

Entretenant ainsi habilement cette situation flottante entre les deux empires, les chefs kurdes réalisaient, en partie et pour un temps, leur affranchissement, but constant vers lequel ont toujours tendu et tendent encore leurs efforts et leurs intrigues. Pour le moment, et malgré des velléités d’indépendance de la part d’Ahmet-pacha, alors gouverneur de Suleïmanyèh, le pays était tranquille. Ce pacha, quoique fort jeune, s’était fait,