maisons mexicaines, fermé d’une grille à chaque extrémité, servait de corps de garde aux hommes du poste.
J’appris du sergent de garde que nous passions pour des déserteurs du bataillon français qui avaient commis un assassinat. L’arrivée du commandant et de plusieurs officiers de ce bataillon, composé des passagers du Challenge, détruisit cette erreur ; néanmoins nous ne fûmes remis en liberté que le lendemain soir, mais on nous tira du Colabozo et l’on nous donna la caserne mexicaine pour prison. Je sus que le ranchero qui nous avait donné l’hospitalité était don Gayetano Navarro, commandant de la garde nationale de Guyamas et l’un des personnages influents du pays. C’était lui qui nous avait fait arrêter, et le prétexte était bien un assassinat, mais nous acquîmes bientôt la certitude que l’on soupçonnait en réalité notre connivence avec M. de Raousset.
Nous eûmes toute liberté de parcourir la caserne et d’observer les soldats. Ils sont tous Indiens ; leur uniforme consiste en une veste de toile blanche à petites basques ; le pantalon est de même étoffe. Un très-petit shako de cuir noir repose sur le sommet de la tête. Les sous-officiers seuls avaient des souliers ; les soldats portaient des sandales ou guaraches.
Ce costume collant fait admirablement valoir le musculeux développement du torse et les belles proportions de ces Indiens. Leur taille dépasse rarement la moyenne ; ils ont la tête forte, le cou court généralement, les extrémités fines. Le visage a du caractère ; les yeux sont beaux, mais le regard est dur, la pommette saillante et la mâchoire inférieure large. Ils portent obligatoirement les cheveux ras, — sauf une longue mèche sur chaque tempe, et sont imberbes ; les exceptions à cette dernière règle, si insignifiantes qu’elles soient, donnent à la physionomie un cachet de sauvagerie marqué. Les officiers, au contraire, ayant tous, peu ou prou, du sang blanc dans les veines, sont généralement possesseurs de fortes moustaches.
Un fusil et sa baïonnette compose tout l’armement. Le soldat indien a le plus grand soin de cette arme et tous ont en poche un morceau de cuir ou de peau avec lequel, à chaque instant du jour et en tout lieu, ils frottent soigneusement les parties ternies par le contact de