d’un guide, puis la corde d’un autre, et consentit enfin à se laisser pousser par derrière, comme un simple bourgeois de Paris. Il atteignit enfin la cime et me fit jurer le secret : je tiens parole.
Mais ce n’est rien encore ; on ne peut pas monter toujours par les scories. Il faut quelquefois escalader la pente douce, le côté des cendres, et c’est mille fois plus cruel. Ces cendres sont du sable très-fin, rougeâtre, et qu’on pourrait répandre sans inconvénient, au lieu de poudre d’or, sur la page fraîche qu’on vient d’écrire. En voyant ce talus uni, l’on se rassure, on s’y engage de grand cœur. Hélas ! on ne tarde pas à regretter les scories. Ce ne sont plus des pierres qui dégringolent sous vos pieds, c’est de la poussière dure, serrée, où à chaque pas vous enfoncez jusqu’à mi-jambe. Vous retirez un de vos membres de cet étang solide, et vous faites des tours de force pour le porter en avant ; peine perdue ! l’autre jambe est prise, et vous n’avez pas de point d’appui. Vous voulez vous aider des mains, utopie ! elles plongent aussi dans le terrain mouvant, elles y entraînent vos bras jusqu’aux épaules. Sortez de là, si vous pouvez ?
Enfin l’on arrive. On commence par s’envelopper dans son manteau, car le froid est vif sur la montagne. Et puis on va jusqu’au bord du cratère : c’est un gouffre fumant, dont la forme change tous les jours. Je n’y ai jamais vu, pour ma part, quand il n’y avait pas d’éruption, que ce qu’on voit dans une chaudière : un gros nuage humide et blanc. Mais d’autres, plus heureux, et favorisés par le vent du nord, qui déblayait les bords du gouffre, ont découvert le sol, qui paraissait être de soufre et de mine de fer ; les parois intérieures, « de rocher vif, scabreux, brûlé jusqu’à la calcination, comme de la