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et en s’accompagnant d’instruments de forme spéciale, des chansons imitées de celles des nègres. Les chants sont entremêlés de divertissements comiques, de danses d’un genre particulier, enfin, de scènes grotesques assez bien jouées, et où le nègre marron, vêtu de défroques, couvert d’un chapeau bosselé, et portant aux jambes des bottes éculées et dépareillées, excite toujours les rires frénétiques de la salle. Les pauvres nègres sont seuls exclus du spectacle, et jamais injustice n’a présenté un caractère d’égoïsme plus honteux.

LA VIE DES INDIENS. — Dessin de Chassevent d’après une gravure californienne.

Le théâtre chinois donne aussi par moments des représentations, et les acteurs arrivent souvent en droite ligne de Pékin. Ils jouent des drames d’une longueur démesurée, des comédies mêlées de chants barbares, accompagnés d’une musique plus discordante encore. Parfois aussi ce sont des scènes du cérémonial de la cour du Céleste Empire qui font tous les frais des représentations. Les costumes des acteurs sont alors d’une richesse et d’un luxe qu’aucune autre nation ne saurait égaler. Enfin, un cirque, où passent d’assez bonnes troupes de clowns et d’écuyers, complète le bilan des diverses représentations théâtrales dont on peut jouir à San Francisco. Quelquefois aussi on y offre au public des exhibitions de bêtes curieuses, et il y a même une ménagerie d’animaux vivants très-bien composée. En 1859 et 1860, deux éléphants savants, sous les noms irrévérencieux de Victoria et Albert, ont fait les délices du public californien, et ont parcouru tout le pays. Victoria est morte depuis, et on l’a religieusement empaillée pour la déposer dans la ménagerie. Albert se montre inconsolable et menace d’aller rejoindre sa fidèle et tendre compagne. C’est au moins ce que nous annonçaient, il y a quelques mois, les journaux du Pacifique.

En dehors des théâtres, il existe à San Francisco des