pérégrination, nous monterons d’abord sur le vapeur qui fait le voyage de la côte méridionale.
À 90 milles marins de San Francisco, nous abordons à Monterey, au fond d’une admirable baie que fréquentent les baleiniers. Monterey était déjà un port assez commerçant avant la découverte de l’or, quand San Francisco n’existait pas encore. Il était sous la domination mexicaine, et il a été un moment, sous les Américains, la capitale de la Californie.
C’est à Monterey que se réunit en 1839 la Convention ou Assemblée nationale, qui dota le nouvel État de sa constitution.
Monterey a beaucoup perdu de son importance depuis les étonnants progrès de San Francisco. Il n’en reste pas moins situé dans une position très-heureuse, et la vue de la ville est des plus pittoresques, surtout dans la saison printanière. Les collines qui l’entourent se couvrent alors de gazons et de fleurs, et, à l’horizon, des montagnes élevées, couronnées de noirs sapins, terminent agréablement ce charmant paysage maritime.
Limitrophe avec le comté de Monterey est celui de Santa Clara, où sont situées les fameuses mines de mercure de New-Almaden, les plus riches du globe. Dans le même comté il faut visiter San José sa capitale, et ses vertes campagnes, ainsi que Santa Clara, qui par ses établissements littéraires et scientifiques a mérité le nom d’Athènes du Pacifique. Les missions de Santa Clara et de San José étaient, avec celle de San Francisco, les lieux de délices des Pères franciscains. Ils ont dans tous ces endroits cultivé le sol avec amour, et deviné les premiers l’inépuisable fécondité de la terre en Californie. C’est aussi autour de ces missions que se rassemblaient de préférence les Indiens catéchisés.
De Monterey le vapeur nous mène à Santa Barbara, autre port qui par son nom espagnol trahit son origine mexicaine. Ici la vue qu’on a de la mer est véritablement imposante par les hautes montagnes de granit qui ferment la perspective. La ville est dans une délicieuse vallée. Elle garde encore beaucoup de son cachet hispano-américain. Une partie de ses maisons sont en adobe (lattes et terre) et en brique crue. Leurs toits sont recouverts de tuiles. L’apparence vénérable de ces anciennes habitations contraste singulièrement avec les édifices américains, presque tous en bois et pour la plupart fort coquettement et élégamment disposés.
Santa Barbara a peut-être moins perdu que Monterey de son ancienne importance, et elle est restée, comme sous les Espagnols, le principal centre des tanneries californiennes. Les cuirs et les peaux qui en proviennent sont toujours fort renommés. À quelques milles de Santa Barbara est une ancienne mission de Pères franciscains.
Si nous continuons notre course en steamer, nous jetterons l’ancre, à 300 milles de San Francisco, dans la rade de San Pedro. Ce lieu est de peu de renom, mais dans son voisinage est situé Los Angeles, fondé aussi par les Espagnols. C’est aujourd’hui la ville la plus importante des comtés du sud, et très-certainement la cité la plus agricole de toute la Californie. Dans ses plantureuses campagnes bien arrosées et sous une heureuse latitude (34 degrés N.), elle nous offre toutes les productions des climats chauds et tempérés. Elle est surtout réputée par ses riches vignobles. Ce sont deux Français de Bordeaux, MM. Sainsevin et Vigne (deux noms de favorable augure), qui ont les premiers planté, bien avant 1848, les premiers ceps de Los Angeles.
À une journée de Los Angeles est la vallée de San Bernardino, où les Mormons, à la fois fermiers et missionnaires, se sont depuis longtemps établis, mais sans grand succès religieux.
Le port de San Diégo, à l’extrême limite sud de la Californie, ne nous offrant rien d’intéressant à signaler, retournons à San Francisco, et, sur le steamer qui côtoie