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stème particulier de cosmogonie, était commune à tout un groupe de peuples parlant la même langue : les Toltèques, les Cicimèques, les Nahuatlaques, les Acolhues, les Tlascaltèques, les Aztèques, etc., qui, vers les premiers siècles de notre ère, habitaient le pays d’Anahuac, dans la Nouvelle-Espagne. Ces peuples disaient l’avoir reçue, ainsi que leur civilisation, leur architecture, leurs quippus[1] et leurs hiéroglyphes, des Olmèques et des Xicalanques, deux nations puissantes qui les avaient précédés et qui, elles-mêmes, se vantaient de remonter à une haute antiquité.

L’hospitalité du sépulcre.

« Pour en revenir aux Aymaras, l’établissement des Incas au Pérou, en déterminant un déplacement chez la plupart des nations andéennes, eut pour effet de déposséder ce peuple du pays qu’il occupait depuis longtemps. Déjà, sous Sinchi-Roca, deuxième empereur péruvien, il avait abandonné les Condesuyos[2] de Cuzco et se reculait de plus en plus à l’ouest, pour se soustraire à la domination des Fils du Soleil. Le troisième Inca, Lloque-Yupanqui, porta ses armes vers cette partie du Collao, dont le lac de Titicaca et ses monuments sont le centre historique ; occupé à subjuguer les Aymaras établis dans le sud, il laissa reposer ceux d’entre eux qui vivaient à l’ouest. Mayta-Capac, son successeur, attaqua cette nation sur deux points opposés de son territoire. Après avoir soumis les Aymaras de Tiahuanacu, dans le haut Pérou, il marcha contre ceux de Parihuanacocha, le lac des Flamants, situé presque sous le quinzième degré, et les asservit également.

« Ce cercle de conquêtes, successivement agrandi par chaque empereur, avait, en touchant aux points que nous venons d’indiquer, refoulé vers la côte du Pacifique les Aymaras, qui étaient encore libres. Quelques familles de cette nation s’étaient arrêtées à l’entrée des vallées occidentales, où leurs restes se voient encore[3] ; d’autres s’étaient avancées jusqu’à la mer et s’étaient mêlées aux peuplades ichtyophages qui, à cette époque, habitaient les rivages de l’océan, entre le quatorzième et le vingt-quatrième degré[4]. Au quinzième siècle, les con-

  1. Les quippus ou fils de laine de couleur dont se servaient les Péruviens pour conserver les dates et les traditions, n’avaient pas été inventés par eux, comme on l’a cru longtemps. L’usage des quippus existait chez les Canadiens et très-anciennement chez les Chinois. Les nations mexicaines que nous avons citées s’en servaient également et les appelaient nepohualtzitzin (Vide Botturini).
  2. Du quechua cunti ouest, suyu direction. Une des quatre divisions de l’empire établies par Manco-Capac.
  3. L’ossuaire aymara, dont le premier nous avons révélé l’existence, est situé à quatre lieues sud-sud-est d’Islay, au milieu de la zone de cendres trachytiques qui s’étend de ce port à l’entrée du val de Tambo appelée l’Arenal.
  4. Les Queltcas (hodiè Quilcas), les Moquehuas, les Llipi, les Chancus (hodiè Changos).