Page:Le Tour du monde - 06.djvu/388

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sein des classes bourgeoises ; ce sont des fermiers, des artisans ou même des gens de professions libérales. Mais, en Amérique, les premiers sectateurs de la doctrine étaient tous de pauvres diables aussi mal lotis du côté du cerveau que de celui de la fortune.

Dès que Joë Smith se vit accepté comme révélateur par un groupe d’hommes assez nombreux, il porta ses regards vers l’Ouest, champ sans bornes ouvert à tous, pour y concentrer ses partisans. En attendant, Sydney Rigdon implanta, par ses ordres, une colonie mormone à Kirtland (Ohio). Là, Smith fit bâtir un temple au prix de 1 000 000 de francs ; bien plus, cet homme, aux talents multiples, créa des magasins, fonda un moulin, monta une banque et se livra à des opérations de commerce et d’agio.

Habile à tirer parti de tout, Smith n’était pas homme à négliger la visite que lui fit, sur ces entrefaites, un sieur Michaël H. Chandler, arrivé à Kirtland avec plusieurs momies égyptiennes qu’il faisait voir au public pour de l’argent. Ayant entendu dire que Joseph Smith était capable de comprendre le sens des papyrus qu’on trouve sur les momies, Chandler alla lui soumettre ses antiquités. « Je lui en donnai sur-le-champ l’interprétation, dit le prophète dans son Autobiographie ; et lui, comme un gentleman, me délivra le certificat suivant :

« Kirtland, 6 juillet 1835.

« Ceci est pour faire connaître à tous ceux qui peuvent en avoir le désir, le talent qu’a M. Joseph Smith junior pour déchiffrer les anciens caractères d’hiéroglyphes égyptiens que je possède et que j’ai montrés aux plus savants dans beaucoup de villes notables ; et de tous les renseignements que j’ai pu me procurer, je trouve que ceux de M. Joseph Smith junior sont ceux qui correspondent le mieux dans les plus petits détails.

« Signé : Michaël H. Chandler.

« Voyageant avec des momies égyptiennes dont je suis le propriétaire. »

Quelques jours après la signature de ce grotesque certificat, plusieurs dévots de Kirtland se cotisèrent pour acheter les momies et les papyrus, qu’ils offrirent en présent au prophète. Celui-ci, ayant pour secrétaire les apôtres W. W. Phelps et O. Cowdery, se mit immédiatement à la besogne et commença la traduction. « À notre grande joie, » a-t-il écrit à la date de juillet 1835, « nous découvrîmes qu’un des rouleaux contenait les écrits d’Abraham, un autre les écrits de Joseph d’Égypte, etc… En vérité, nous pouvons dire que le Seigneur commence à révéler l’abondance de paix et de vérité. »

Fragment du rituel des anciens Égyptiens vénéré par les Mormons comme une page des mémoires d’Abraham.

Et voici comment le prophète, profitant des dons du Seigneur, débute dans sa traduction.

LE LIVRE D’ABRAHAM.

« Traduction d’anciennes annales qui, des catacombes d’Égypte, sont venues dans nos mains, et qui tendent à faire voir qu’elles sont l’œuvre même d’Abraham quand il était en Égypte, appelée le Livre d’Abraham, écrit de sa propre main sur papyrus.

« Traduit du papyrus par Joseph Smith.

« Sur la terre des Chaldéens, à la résidence de mon père, je vis, moi, Abraham, qu’il était nécessaire de me procurer un autre lieu de résidence, et trouvant qu’il y avait là pour moi plus de bonheur, de paix et de tranquillité, j’aspirai aux bénédictions des pères, et je cher-